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Union Générale des
Travailleurs de Côte d'Ivoire
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Interview - Grève de l`UGTCI contre la vie chère
Doumbia Salimata (2ème SG adjointe de l`UGTCI) :
“Le mouvement a été suivi à 90%... On sait désormais qui défend la cause des travailleurs”.

18 Juillet 2008
 

Au nom du Secrétaire général de l`UGTCI, Mme Doumbia Salimata, a fait le bilan de la première journée de la grève. Pour la 2ème Secrétaire générale adjointe, le mouvement a été un véritable succès.
Nous sommes au premier jour de la grève de 48 heures que l`UGTCI a lancée.

Quel bilan pouvez-vous faire de cette première journée ?

Vous me demandez de parler du suivi de la grève. A 15 heures au moment où je vous parle, je peux dire que le succès de cette grève a dépassé notre entendement.

Parce que vous savez que dans ce pays, il y a trois centrales syndicales. Notre organisation, l`UGTCI, a toujours été la plus représentative. Mais sur le terrain, vu que la ville d`Abidjan est morte, vu que tous les travailleurs de ce pays ont arrêté, ne sont pas venus au service ce matin, nous pouvons dire que toute la population et tous les travailleurs de Côte d`Ivoire ont adhéré à cette grève. C`est une journée de satisfaction pour nous. Parce que les problèmes que nous avons soulevés, sont des problèmes réels. Et ils touchent effectivement la marche laborieuse des travailleuses et des travailleurs de ce pays. Donc la grève a été suivie. Vous prenez de grandes entreprises comme la CIE, SODECI, aucun travailleur n`y est allé. Vous prenez les sages-femmes, vous prenez le port, vous prenez la CNPS, vous prenez plusieurs entreprises de ce pays, vraiment la grève, a été suivie à 90%. Même les banques et les assurances qui ne sont affilées à aucune centrale ont suivi le mouvement. Notre joie est d`autant plus grande qu`à l`intérieur du pays, que ce soit à Abengourou, à Guiglo, à San Pedro, vous savez que nous avons neuf (09) unions régionales, le travail a été arrêté partout. C`est dire que ce cri de cœur que l`UGTCI a lancé a été un cri du cœur qui était en fait le cri du cœur de toute la population. Donc au premier jour de la grève que nous comptons bien sûr continuer demain (Ndlr : aujourd`hui), nous sommes largement satisfaits et nous disons que les travailleurs ont eu raison de nous demander de faire la grève.

Et pourtant, le gouvernement vous a signifié que cette grève n`est pas légale. Le pouvoir a même appelé les travailleurs à reprendre le travail aujourd`hui.

Le gouvernement a lancé son appel. Mais sur le terrain, aucun travailleur n`a répondu. Lorsqu`une grève illégale est suivie à 90%, elle se légalise de fait. Et ce que nous voulons dire, l`UGTCI n`a jamais fait depuis les années 1959, depuis la grande grève de 1959, l`UGTCI n`a jamais déclenché de grève dans ce pays. Lorsque la centrale UGTCI en arrive au point où elle déclenche une grève, nous disons qu`elle n`a aucune leçon de syndicalisme a recevoir de qui que ce soit. Parce que l`école du mouvement syndical se trouve ici. Donc ceux qui parlent de l`illégalité, ça ne concerne qu`eux. Mais les travailleurs de Côte d`Ivoire savent bel et bien que nous sommes dans la légalité.

C`est la première grève de l`UGTCI, vous l`avez rappelé. Est-ce que cela signifie que la situation est grave ?

La situation est grave. Parce que vous savez qu`à l`UGTCI nous sommes une centrale responsable. Et lorsque vous dirigez 234 syndicats de base, vous savez que vous avez l`avenir de votre pays, le développement de votre pays dans votre main. Une telle centrale ne peut pas appeler tous azimuts à des grèves. C`est pour cela que depuis notre existence, nous avons privilégié les négociations, des négociations qui aboutissent à des succès qui ne sont pas reconnus parce que dans ce pays, il faut faire du tapage sur ses résultats et nous, nous ne faisons pas de tapage sur nos résultats parce que les résultats dans les entreprises sont palpables et notre syndicat, dans toutes les entreprises, est représentative. Mais ce n`est pas parce qu`une centrale se montre respectueuse des lois, ce n`est pas parce qu`une centrale privilégie le dialogue et la négociation comme mode d`action que la centrale doit, quand il faut dire non, se rétracter. Nos travailleurs, la base est venue nous signifier que trop c`est trop, elle ne peut plus vivre avec l`augmentation du prix de l`essence, sa famille ne peut plus vivre parce qu`aujourd`hui elle ne peut même pas supporter le coût des produits de première nécessité. Et c`est cette base qui en a ras-le-bol, qui a demandé à l`UGTCI d`entrer en grève. Ceux qui parlent, lorsque certains syndicalistes sont allés marcher à Vridi alors que les marches sont interdites en Côte d`Ivoire, a-t-on traité cette marche d`illégale ? Lorsque les chauffeurs de taxis et de wôrô-wôrô sont entrés en grève sans prévenir la population, a-t-on parlé de grève illégale ? Alors lorsque les travailleurs ont faim et qu`ils demandent qu`on améliore leur condition de vie, qu`ils demandent que le prix du carburant baisse, on nous parle d`illégalité, mais où se trouve l`illégalité ? Ce sont ceux qui ont fait des grèves illégales qui sont en train d`être reçus par le gouvernement. Alors, qu`on arrête de nous infantiliser. Ce que nous disons est vrai et l`UGTCI a interpellé le gouvernement sur les risques de ce qui pouvait arriver. L`UGTCI a vu trop tôt ce qui devrait se passer.

Un syndicat frère a lancé un appel à la reprise du travail. Avez-vous été choquée par cet appel ?

L`Histoire jugera chacun. Aujourd`hui, la population souffre. Et le cri du cœur que l`UGTCI a lancé à notre avis devrait être un cri du cœur soutenu. Mais je dirais que c`est un désaveu pour celui qui a lancé cet appel. Les briseurs de grève dans certains pays n`ont pas leur place dans la société. Ils ont tenté, ils ont bel et bien échoué. Je crois que le peuple de Côte d`Ivoire, la masse laborieuse de Côte d`Ivoire en a pris acte. On sait désormais qui défend la cause des travailleurs.

Vous revenez d`une rencontre avec les autorités du pays. De quoi avez-vous parlé ?


Nous avons été reçus par le ministre de l`Intérieur qui nous a d`ailleurs très bien reçus. Ce qui nous a réjouis, c`est qu`il a compris le cri du cœur de l`UGTCI. Et il nous a demandé de faire des propositions dans le sens que voulaient les travailleurs. Nous sommes en train de réfléchir et de proposer au gouvernement ce que les travailleurs veulent pour que nous puissions aller au travail. Faute de quoi, nous aviserons au cours de notre prochaine assemblée générale.

 

Interview réalisée par DJE KM

 
 
 
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